

Les douze duos pour cors
ont une origine encore plus trouble que les
Divertimenti
. On les a tenus longtemps pour des duos pour violon, et c’est
ainsi qu’ils furent répertoriés dans le célèbre catalogue que Köchel dressa des
œuvres de Mozart. Le manuscrit autographe du compositeur subsiste pour
trois de ces duos et atteste de leur authenticité sans permettre de déterminer
avec exactitude de quels instruments il s’agirait.
Les duos firent l’objet, en revanche, d’une édition à Vienne, puis à Paris, chez
Imbault, sous l’intitulé suivant :
Douze pièces pour deux cors, composées par
W. A. Mozart. Opéra 46
. Et l’on admet aujourd’hui qu’il ne s’agirait pas d’un
arrangement mais qu’il pourrait bien s’agir de l’instrumentation originale,
d’autant que l’édition Imbault demeure très fidèle au manuscrit original, à
cela près qu’elle attribue les deux voix à un
corno primo
et un
corno secondo
.
Même si certains sons assez difficiles à produire, la tessiture étant
particulièrementaiguëetlesnoteschromatiquestrèsnombreuses,lasolution
la plus vraisemblable consiste à interpréter ces duos sur deux cors naturels.
On reconnaît que des interprètes assez habiles sont tout à fait susceptibles
de rendre les notes chromatiques difficiles et d’attendre les notes aiguës à
la faveur d’une gamme ascendante. Mozart n’a pas noté dans le catalogue
de ses œuvres ces pièces pour cor, car il les comprenait certainement moins
comme des pièces destinées au concert ou à la publication, que de simples
amusements écrits à l’usage personnel de quelques instrumentistes virtuoses
et complices de son temps. Il pourrait s’agir, par exemple, de Joseph Lautgeb,
son ami d’enfance, auquel il a dédié les quatre grands concertos pour cor de
la période viennoise : exercices de récréation à l’apparence la plus frivole,
pour le divertissement ou la virtuosité, mais qui recèlent évidemment la
science la plus exacte, la plus sérieuse et la plus exigeante de la musique et
de l’instrument.
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