

32 MOZART_ENSEMBLE PHILIDOR
Il faut donc considérer ces pièces comme relevant de l’esthétique du
divertissement en général indépendamment de toute circonstance plus
précise. La finalité consiste donc simplement à éviter l’ennui et la monotonie
par tous les moyens.
En privilégiant la fragmentation, le principe de variété plutôt que celui de
l’unité organique, les
Divertimenti
offrent une hétérogénéité des formes et des
tonalités qui évite partout le risque de longueur ou d’uniformité.
Leur brièveté en font des pièces facilement « consommables » pour l’auditeur,
quand bien même elles exigent énormément de chacun des interprètes qui
jouent sans relâche : leur forme demeure toujours parfaitement claire et
simple et n’exige pour être perçue aucun effort de concentration durable.
Ce sont des pièces agréables parce que rien n’agresse ici l’oreille : aucun
développement prolongé, presque aucune modulation difficile, pas de
dissonances accusées, mais plutôt une succession de thèmes chantants
aux contours parfaitement définis et aisément repérables. Certaines pièces
sont écrites tout entières dans la seule tonalité principale sans modulation.
Le caractère général est presque toujours gai et
spirituoso
: la mélancolie,
même si elle affleure ici ou là, en particulier dans les Andante plus élégiaques,
ne s’affirme jamais pour elle-même, et se trouve résorbée dans l’affirmation
d’une vitalité entraînante qui conclut chacune des pièces.
L’esprit du divertissement est particulièrement présent dans le caractère
dansant d’un grand nombre de mouvements : gavottes des KV240 et KV270,
contredanse du KV213 (qui évoque les opéras de Rameau), sicilienne et
polonaise du KV252. Ce sont autant de stylisations réflexives du plus apprécié
des divertissements de tous les temps.