

Si les
Divertimenti
sont loin des compositions travaillées de la
maturité, loin de l’esprit de la
Gran Partita
, ils sont construits
néanmoins comme des pièces de musique savante, et se
distinguent peu, à la fois dans leur forme générale et dans leur
durée, du canon des symphonies contemporaines avec lequel
joue Mozart, construites comme des suites en quatre
mouvements et où domine la forme sonate.
De ce fait, même s’ils ont été destinés au divertissement du prince, sous la
forme de sérénades ou de musique de table, les
Divertimenti
peuvent aussi
bien être considérés comme des pièces de concert, où se trouvent combinées
et stylisées toutes les formes de musique contemporaines dans un feu
d’artifice ludique et virtuose, des danses aux chants populaires, des romances
de salon aux musiques de chasse, des ouvertures d’opéra aux allegros de
sonate. Mozart a pu les écrire, ainsi qu’on en a fait l’hypothèse, comme il a
écrit ses quatuors à cordes, pour lutter contre l’ennui (“
für die langeWeile
”) mais
dans un sens de divertissement alors différent : moins pour plaire à un public
superficiel et peu exigeant, se plier à des contraintes serviles, professionnelles
et économiques, que pour le plaisir pur d’écrire de la musique sans autre
forme de nécessité. Ce qui revient à penser que le compositeur n’aurait pas
écrit unemusique différente s’il avait été entièrement libre d’écrire lamusique
qu’il souhaitait écrire : ici comme ailleurs il est impossible de distinguer entre
ce qui est écrit suivant la liberté ou suivant la nécessité, entre la musique
savante et la musique populaire, entre l’œuvre destinée au concert et l’œuvre
destinée au simple agrément, et cette ambiguïté est un trait caractéristique
de ces compositions comme de beaucoup d’autres œuvres mozartiennes.
DIVERTIMENTI DE SALZBOURG 33