

L’Introduction lente (Largo), au sérieux quasi maçonnique, conduit
immédiatement à l’Allegro initial : le thème pourrait en être tiré d’un opéra de
Philidor (on a évoqué un air du
Maréchal Ferrant
, 1761), compositeur représenté
en Autriche à une époque où l’opéra-comique français était particulièrement
en vogue.
Après cet emprunt aumonde du théâtre et du chant, le premier menuet nous
plonge dans celui de la danse : les deux trios qui l’accompagnent surprennent
par la formation intime d’un quatuor pour clarinettes et cors de basset, pour
le premier, par un jeu de tonalité, pour le second, qui fait croire d’abord à
un passage en sol mineur rapidement résolu sur le mode majeur (mode de
toute la partition). L’Adagio constitue le caractéristique du dramma giocoso
mozartien. Il joue à la fois sur la continuité et sur la différence spécifique entre
les différents timbres instrumentaux : les trois solistes (hautbois, clarinette,
cor de basset) prennent à tour de rôle la conduite de la ligne de chant, sur
un accompagnement des autres instruments, obstiné rythmiquement
mais toujours mouvant dans ses couleurs, comme dans les ensembles
contemplatifs des opéras.
Mozart pousse ici à son comble une
esthétique instrumentale fondée
sur l’imitation de la voix humaine
avec son phrasé, ses inflexions et ses
couleurs.
26 MOZART_ENSEMBLE PHILIDOR