

L’œuvre dépasse le cadre de la sérénade aussi bien dans le style que dans les
proportions, de sorte que la désignation même paraît impropre : la sérénade
implique une idée de divertissement à quoi la grande œuvre pour treize
instruments est loin de se réduire. On ne sait pas exactement quelle pouvait
être la destination de cette partition, mais elle semble manifestement
destinée au concert, pour le plaisir des « connaisseurs » voire des initiés, et
non pour la seule distraction des seigneurs.
La
Gran Partita
doit être considérée
comme une pièce de musique
instrumentale pure, à une époque
où le genre est sur la voie de son
autonomie, plutôt que comme une
œuvre de circonstance.
On imagine mal son exécution dans un salon, aussi grand soit-il, et ce n’est
pas un hasard si Stadler fait entendre la musique pour treize instruments
au Burgtheater. Le lieu explique l’effectif instrumental particulièrement
important de l’œuvre, qui trouve un cadre approprié dans ce théâtre où
Mozart donne non seulement à cette époque ses grandes académies,
au cours desquelles il interprète ses concertos pour piano, fait jouer ses
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