

La deuxième caractéristique de l’œuvre est sa durée, qui excède largement
celle de toutes les autres œuvres de musique instrumentale du compositeur.
Elle dépasse celle des symphonies les plus développées que Mozart ait jamais
écrites, à une époque où une symphonie ne dure jamais plus d’une demi-
heure et se compose toujours de quatre mouvements.
L’œuvre ici compte rien moins que sept mouvements (chiffre hautement
symbolique) de grande ampleur, aussi bien lents, modérés que rapides, ce qui
fournirait la matière de deux œuvres autonomes. D’ailleurs, la
Gran Partita
a
souvent été éditée, sous la forme réduite d’octuor, en deux parties distinctes :
la première (Parthia I) étant composée de l’Allegro initial, du premier Menuet,
de l’Adagio et du Finale, la seconde (Parthia II) comportant la Romance, le
deuxième Menuet, le Thème et variations. Le musicologue Bastian Blomhert
considère d’ailleurs que la Parthia I aurait pu être composée à l’origine pour
huit instruments et ensuite amplifiée pour treize instruments, tandis que la
Parthia II, au contraire, aurait été composée d’emblée pour l’effectif de la
Gran
Partita
, et réduite plus tardivement pour la formation d’octuor. C’est d’ailleurs
sous la forme plus « normale » de la Parthia I, dans une durée et un effectif
réduits, que cette œuvre a été diffusée le plus souvent, au point que la preuve
même d’une exécution intégrale pour treize instruments n’est pas prouvée et
n’a peut être jamais eu lieu au XVIII
e
siècle.
La
Gran Partita
, dans sa monstruosité,
possède quelque chose d’utopique, qui
en fait une pièce à part dans tous les
répertoires de concert.
GRAN PARTITA KV361 23