

La caractéristique la plus frappante de la
Gran Partita
est d’abord son effectif
tout à fait exceptionnel. On ne connaît guère d’autreœuvre dans la littérature
composée pour une formation comparable de treize instruments. Il semble
que Mozart ait voulu donner par là un exemple magistral de sa virtuosité de
compositeur tout en rendant hommage à celles des musiciens pour lesquels
il écrivait.
À l’octuor, que l’on pourrait dire « traditionnel », il ajoute deux cors de
basset, deux cors supplémentaires et une contrebasse, ce qui renforce les
sonorités graves de l’ensemble, point faible des harmonies. La présence de
la contrebasse s’explique de ce point de vue : unique instrument à cordes
de la formation, elle vient réfuter la désignation courante et inexacte de
« Sérénade pour treize instruments à vent ». Car il est certain que Mozart n’a
pas écrit cette partie, comme on l’a pensé quelquefois, pour un contrebasson,
qu’il ne connaissait pas et qu’il n’avait pas encore à sa disposition. Dans
l’extrême grave, il ne pouvait compter que sur l’instrument à cordes, dont
l’usage se répand d’ailleurs ensuite dans l’accompagnement de l’octuor pour
instruments à vent dans les années 1790.
Les deux cors supplémentaires, dont l’usage n’est pas systématique, sont
surtout destinés à l’alternance des tonalités variées chez un instrument qui
demeure limité de ce point de vue. L’adjonction la plus singulière est sans
doute celle des deux cors de basset, dont l’emploi n’est pas fréquent dans la
littérature musicale. Le cor de basset, inventé dans les années 1760, doit sa
dénomination de cor sans doute à sa forme originaire semi-circulaire, avec
un pavillon en laiton et une tessiture proche de celle du cor naturel. Mais il
appartient plutôt à la famille des clarinettes, dont il emprunte l’embouchure
et dont il développe le grave de la tessiture.
22 MOZART_ENSEMBLE PHILIDOR