

symphonies, mais fait représenter encore les grands opéras de sa maturité :
Die Entführung aus dem Serail
,
Le Nozze di Figaro
,
Don Giovanni
puis
Così fan tutte
.
Les instrumentistes restent les mêmes, puisqu’il s’agit toujours des musiciens
de l’orchestre de la Cour, qui font ici entendre leur voix indépendamment de
celles des cordes et des chanteurs, mais qui semblent rivaliser avec eux pour
former une vaste symphonie autonome pour instruments à vent, voiremême
une sorte d’opéra imaginaire pour ensemble d’harmonie.
De ce fait, la proximité de la
Gran Partita
avec les grandes symphonies et les
opéras s’impose avec d’autant plus d’évidence. Cela apparaît dans l’esthétique
même de l’œuvre, qui opère une synthèse des styles musicaux les plus divers.
Le compositeur parvient à soutenir facilement l’intérêt de l’auditeur dans une
œuvre aussi longue, écrite pour un seul groupe d’instruments, parce qu’il
excède le cadre stylistique de la sérénade et fait appel à toutes les ressources
d’écriture qui sont à sa disposition. Il intègre les éléments
a priori
les plus
hétérogènes dans une composition faisant appel aux contrastes les plus
puissants et aux ruptures les plus surprenantes, dans une dramaturgie très
proche de celle des opéras. On retrouve la même alternance ou combinaison
du sérieux et de la légèreté.
Les mouvements lents, par exemple, au caractère grave, inattendu dans le
contexte d’une sérénade, prennent une force d’autant plus grande qu’ils sont
suivis de menuets : l’apparence beaucoup plus légère, voire superficielle, de
ceux-ci surprendrait si ellene faisait ressortir d’autant l’émotionquasi tragique
dont ils sont empreints. L’agencement des différents mouvements obéit à ce
principe de la variété et du contraste qui concerne aussi l’instrumentation :
Mozart prend soin d’alterner les tutti à treize instruments avec des passages
à onze, à neuf, dans différentes combinaisons, ou même en quatuor
d’instruments (comme dans le premier trio du premier menuet).
GRAN PARTITA KV361 25