

14 BACH / ISOIR_TRANSCRIPTIONS
Le fameux choral
Wachet auf, ruft uns die Stimme
BWV 645, ouvre la série des six
titres de ce recueil. Quatrième numéro de la cantate éponyme BWV 140, il confie
la mélodie au ténor avec une ritournelle d’accompagnement des cordes, dans le
style d’un aria avec instrument soliste. L’orgue de Bach s’inscrit fidèlement dans ce
dispositif et Isoir n’y déroge pas. Il extrapole cependant une réalisation de continuo,
dont la subtilité et la discrétion ne doivent masquer ni l’ambition ni la hauteur
de l’inspiration. Ici, point d’automatisme de basse chiffrée ni de remplissage
d’harmonie, mais un véritable discours contrapuntique qui accompagne et
enchâsse l’œuvre.
Il serait pourtant réducteur de ne s’attacher qu’à la séduction sonore du procédé
pour ne pas distinguer comment il agit, à travers ce choral « concertant »,
tel un révélateur des multiples dimensions que traverse la musique de Bach.
Indifféremment instrumentale ou vocale, profane ou religieuse, transposée d’un
univers à l’autre sans altération de la pensée, disposant du concerto au
Collegium
Musicum
comme à l’église selon l’usage requis, elle n’est tributaire d’aucune rigidité.