

20 BACH / ISOIR_TRANSCRIPTIONS
Fin pédagogue, il pouvait être aussi souvent patient, parfois cassant, d’une
formule à l’emporte-pièce dont il avait le secret (du style « ça fait quand même
un peu casque à pointe ! »). Bien qu’il soit passionné de facture et très savant sur
beaucoup d’aspects musicologiques, ce qui dominait était de loin « l’esprit » et non
« la lettre », à travers un véritable pragmatisme musical assumé, qui l’amenait à
peaufiner parfois les partitions à sa sauce. C’était toujours très convaincant et on
assumait aussi notre Isoir-mania ! Parallèlement, comme je suppléais à l’époque
les organistes de St Séverin, les interprétations des uns et des autres faisaient
l’objet de discussions passionnées. On se ruait sur les nouveaux disques (André
enregistrait alors son intégrale Bach en vinyle !). Il fallait alors choisir entre les
fresques visionnaires à la Chapuis, le volcan Chapelet, la perfection du détail d’Isoir,
et la clarté analytique d’un Boyer…Quelles leçons, qui nous ont obligé à nous forger
nos propres choix ! Il était ouvert à la discussion, tout en raffinant toujours plus
nos suggestions ou idées, si bien qu’à la fin c’était quand même du Isoir ! Quelle
imagination !
Les deux années suivantes, ce furent les cours d’impro sur le bel orgue Koenig du
Temple d’Auteuil, où nous rejoignirent François Espinasse et Liuwe Tamminga.
Là, la maîtrise du maître était…décourageante. Dès qu’on « bloquait » au milieu
d’une exposition de fugue, il se mettait au clavier et donnait deux ou trois
solutions lumineuses, avec contre-sujet obligé bien sûr, pour sortir de la « pétole » !
Quels bons moments, et quels bons souvenirs !