

La transcription consiste à intégrer les deux hautbois dans l’ensemble original,
et Mozart l’a réalisée avec une habilité remarquable, au point qu’il est difficile
d’imaginer, au vu du résultat, que les nouveaux instruments ont été ajoutés.
Tandis que les hautbois, dans les mouvements pairs, renforcent la partie
existante de clarinette au sein des tutti, ils s’intègrent parfaitement au tissu
musical dans les mouvements impairs, pour créer un équilibre parfait entre
les quatre pupitres.
Alors que la
Sérénade KV375
ne porte pas de titre, la
Sérénade n
o
12 en ut
mineur KV388
est présentée sur lemanuscrit commeune « Serenada ». Lemot
recouvrant un intitulé originaire de « Parthia », soit une suite instrumentale
destinée aux instruments à vent, dans laquelle les mouvements dansés
(ici le menuet) se mêlent aux mouvements non dansés. La danse apparaît
ici dans une stylisation très poussée, comme un menuet savant, écrit en
forme de canon. La composition dépasse, d’une façon générale, largement
le cadre d’une musique de divertissement ; elle s’impose comme une œuvre
rigoureuse : l’une des plus avancées du compositeur.
La tonalité d’ut mineur impose un caractère de gravité qui parcourt
l’œuvre, dont l’aspect tragique et sombre se dissout de façon surprenante
seulement dans un final inopiné en mode majeur. Le caractère inhérent de
cette Sérénade laisse penser qu’elle aurait été composée moins à l’intention
du divertissement nocturne pour une occasion extérieure, que pour les
connaisseurs. L’appartenance au genre de la musique savante, de la musique
instrumentale pure, est sans doute à l’origine de la transcription ultérieure
pour quintette à cordes (KV406), genre noble par excellence, dans le domaine
de la musique de chambre. Mozart réalisera cette transcription vers 1787, à
l’époque où il écrit
Don Giovanni
, dont l’esprit est d’ailleurs très proche de la
Sérénade KV388
.
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