

GARY HOFFMAN 7
Est-ce la sonorité volontiers solaire du splendide Stradivarius que jouait son ami,
mais le nouvel opus fait bien plus chanter le medium et l’aigu du violoncelle. Ce
dernier, assez peu sollicité dans la Sonate en mi mineur, rayonne ici, véritable
guide tout au long des quatre mouvements qui semblent arpenter les paysages
alpestres. Car si le ton de la Sonate en mi était symphonique, celui de la Sonate en
Fa majeur évoque la liberté agogique, la fantaisie, les inventions d’une sérénade.
Son caractère solaire interdit de la dissocier des deux autres opus auxquels Brahms
donnait alors également la main, la Sonate pour violon et piano en La majeur, le
Trio avec piano en ut mineur. Brahms reviendra plus tard sur l’Adagio affettuoso, le
« mouvement des pizzicatos », où semble passer un nuage d’orage dans la touffeur
d’un après-midi, mais surtout sur l’Allegro passionato qu’il allégera, éclairera,
apaisant ses tensions.
La voie était ouverte pour l’ultime décantation des derniers
opus de piano, précis poétiques où le sentiment de la nature,
si présent dans les opus du lac de Thoune, allait se sublimer,
parachevant l’idéal sonore de Brahms auquel le violoncelle
aura apporté une nouvelle touche décisive.