

8 ROBERT SCHUMANN
N’assiste-t-on pas pourtant à une forme de retour à Schumann de votre
part, après une période très axée sur Chopin et Debussy ?
C’est exact, j’en éprouve vraiment le besoin. J’avais eu l’occasion de donner ce
programme Schumann en concert au Printemps des Arts de Monte-Carlo en 2011.
C’est une idée de disque que je mûrissais depuis longtemps, que je gardais au fond
de moi. Après ce long épisode Chopin-Debussy, je me suis dit que le moment était
venu d’enregistrer ces œuvres, parce qu’elles correspondent à une « nécessité
intérieure », quelque choseque j’ai besoind’exprimer à cemoment demonparcours.
Comment analysez-vous l’évolution de votre approche de la musique de
Schumann ?
A mes débuts, je l’abordais de façon très instinctive et, tout en commençant à me
documenter un peu sur Schumann, j’en restais à une perception à la fois viscérale
et à fleur de peau. Petit à petit, j’ai éprouvé le besoin de mieux connaître l’univers
du compositeur, au moyen d’ouvrages musicologiques aussi bien qu’en lisant sa
correspondance avec Clara. Tout celam’a permis d’aller plus loin – je neme risquerai
pas à dire
comprendre
car il s’agit d’un artiste à la personnalité tellement complexe,
contradictoire, paradoxale – dans l’appréhension de la manière dont le psychisme
de Schumann, ses tourments, ses tiraillements intérieurs donnent forme à sa
création. Plus je prends conscience de cela, plus cette musique, qui me touchait
dès le départ, me bouleverse.