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PHILIPPE BIANCONI
Comment s’est produite votre rencontre avec la musique de Schumann ?
Schumann n’est pas entré dans mon répertoire – et dans mon affect – aussi tôt
que Chopin et Debussy. Enfant, j’en ai peu écouté. J’avais treize ans lorsque mon
professeur au Conservatoire de Nice m’a donné le
Carnaval
à travailler : j’avoue que
je n’étais pas très réceptif alors à cette musique, à ces petites pièces s’enchaînant
les unes aux autres. Les
Ballades
de Chopin m’exaltaient bien plus à cette époque.
Ma passion pour Schumann s’est révélée avec le
Concerto
, que j’ai eu l’occasion de
jouer avec l’Orchestre de Nice juste après l’obtention de mon Prix de piano. Je garde
un souvenir extraordinaire de cette découverte, de l’exploration d’une partition qui
m’a à la fois enthousiasmé et ému. Je me dis que c’est une grande chance que le
premier concerto que j’ai joué dans ma vie ait été celui de Schumann – l’un des plus
beaux concertos du répertoire, et l’une des grandes œuvres du compositeur.
Assez rapidement, je me suis plongé dans la
Fantaisie
, les
Davidsbündlertänze
, les
Kreisleriana
, mais moins dans le
Carnaval
car je restais encore sur mes premières
impressions mitigées. Passionné de musique vocale, j’ai aussi entrepris de lire
quantité de
Lieder
. Quelques années plus tard, j’ai eu l’occasion d’en accompagner
quelques-uns au côté d’Hermann Prey, mais notre collaboration s’est d’abord
orientée vers Schubert. Je ne m’en plains pas, bien que je regrette de ne pas avoir
plus fréquenté Schumann avec cet immense interprète dont la profondeur et
l’intensité m’ont durablement marqué. Et je dois dire aussi que le travail que j’ai fait
avec lui sur des œuvres vocales a énormément enrichi mon approche des œuvres
pour piano de ces compositeurs.
Depuis le début de ma carrière, la musique de Schumann est donc présente dans
mon univers.