

16 ROBERT SCHUMANN
Dans lapremièreéditiondes
Davidsbündlertänze
,Schumannsigne chaque
pièce soit d’un
E.
pour Eusebius, soit d’un
F.
pour Florestan, mais parfois
aussi d’un
F. und E.
: comment percevez-vous cette « co-signature » ?
Certaines des pièces signées
F. und E.
alternent une humeur méditative avec une
exaltation passionnée, mais j’ai une grande tendresse pour la quinzième pièce,
dont la partie centrale est peut-être un vrai et rare moment fusionnel des doubles,
une unité retrouvée, éphémère mais particulièrement bouleversante.
Du point de vue de la construction, il est intéressant de noter que, comme
dans le C
arnaval
où l’on retrouve le
Préambule
dans la
Marche
conclusive, les
Davidsbündlertänze
reprennent vers la fin un élément présent à son début. La
deuxième pièce, signée Eusebius, est reprise de façon quasi textuelle à la fin de
l’avant-dernière, en un saisissant effet de miroir. Ce retour inattendu est toujours
pour moi unmoment d’une indicible et miraculeuse émotion. Cette avant-dernière
pièce porte comme indication
Wie aus der Ferne (Comme venant du lointain)
…
indication quasiment superflue tant la sensation d’éloignement spatial et temporel
est forte, presque vertigineuse. En son milieu, au détour d’une modulation,
surgissent dans le grave quelques notes à peine reconnaissables du thème de Vult
des
Papillons,
comme une réminiscence involontaire émergeant des profondeurs
de la mémoire.