

15
PHILIPPE BIANCONI
A l’instar des citations des
Papillons
dans le
Carnaval
, la troisième pièce des
Davidsbündlertänze
cite à son tour un motif de la pièce
Promenade
du
Carnaval
–
allusion plus subtile mais tout aussi signifiante et qui témoigne de la filiation de
ces œuvres.
Dans le
Carnaval
je sens une grande joie à composer, dans les
Davidsbündlertänze
à la fois un bonheur plus profond et une angoisse plus profonde aussi. Il ne faut
pas oublier que l’œuvre est née dans une période douloureuse pour Schumann et
Clara, séparés par la volonté inflexible du père de la jeune fille. La dualité de l’œuvre
s’exprime par l’alternance entre rêverie et exaltation – Eusebius et Florestan – mais
aussi entre la joie et le malheur, comme le laissent entendre les vers qui figuraient
en exergue de la première édition :
«
En tous les temps
Joie et peine vont de pair
Gardez-vous purs dans le bonheur
Et courageux dans le malheur
» *
Les années passant - j’ai pour la première fois enregistré l’Opus 6 il y a presque deux
décennies – ce tiraillement entre des moments de bonheur, presque de béatitude
parfois, et ceux synonymes de noirceur, d’angoisse m’apparaît avec beaucoup plus
d’acuité qu’autrefois.