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MICHEL BOUVARD & FRANÇOIS ESPINASSE

D’aussi loin que je me souvienne, les enregistrements d’André Isoir avaient

fortement marqué mon adolescence. Les albums microsillon du Livre d’Or de

l’Orgue français (je les possède encore) que j’achetais petit à petit avec mon argent

de poche ainsi que les premiers enregistrements de son intégrale Bach, furent une

véritable révélation pour moi. Choix des instruments, inventivité, liberté dans le

jeu et les choix d’interprétation, structuration du discours... tout concourait à me

plaire définitivement.

Je le rencontrai pour la première fois vers l’âge de quinze ans dans la petite église

du joli village médiéval de Cordes-sur-Ciel dans le Tarn où j’effectuais un stage

de piano contemporain. C’était le lendemain du récital qu’il venait d’y donner.

J’étais en train de travailler l’opus 11 d’Arnold Schönberg et je vois arriver André,

son bagage et une demi-baguette de pain à la main. Il avait quelques heures à

tuer avant de reprendre le train de retour. Quelle surprise et quel honneur de

le voir s’approcher vers moi. Et nous parlâmes non pas d’orgue mais de Boulez,

Dutilleux, Ligeti, Messiaen, Xenakis, compositeurs qui commençaient à me

passionner à ce moment-là. Je lui fis part de mon désir d’étudier un jour avec

lui car j’étais à l’époque solidement formé de A à Z par mon autre maître Xavier

Darasse au conservatoire de Toulouse.