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MICHEL BOUVARD & FRANÇOIS ESPINASSE
Quelques années plus tard, alors que j’habitais Epinay sur
Orge (Isoir disait : « Epinette sur orgue »), André m’invita
pour une journée de pêche dans des étangs privés près de
Palaiseau. Je découvris que de « l’Art de la fugue » à « l’Art de
la pêche », quand on s’appelle Isoir il n’y a qu’un pas, et j’ai
été une nouvelle fois fasciné par sa méticulosité et son sens
du détail, depuis le tabouret à tiroirs-classeurs, jusqu’à une
petitemachine subtile pour attacher automatiquement le fil
aux hameçons. Comme je ne prenais aucun poisson, à coté
de lui, je m’éloignai à un moment vers un étang plus petit,
un peu caché, où je pourrais au moins vivre ma « fanny »
en solitaire. Et là, miracle, 2 truites coup sur coup…jusqu’à
ce que André arrive en courrant, mi-hilare mi-furieux :
« sortez-vous de là Bon Dieu, on va se faire virer, c’est la
réserve ! ». Parmi ses qualités, il a une bonne mémoire, car
la dernière fois que je l’ai vu, il en riait encore !