

Mais voici un autre mythe heureusement battu en brèche : le musicien
romantique ne peut exister sans vivre une tragédie personnelle. Pauvre
et souffreteux, enfermé dans sa schizophrénie, il devient alors créateur…
Mendelssohn naquit dans une famille de banquiers israélites aisés, convertie
à la religion luthérienne. Pianiste, altiste, organiste, peintre également, il fut
un sportif accompli, heureux de ses voyages dont les titres dequelquesœuvres
symphoniques portent le témoignage. Sa courte vie, 38 ans, ne lui laissa
guère de répit avec une production exceptionnelle à la fois quantitativement
et qualitativement.
La fraîcheur d’invention de son écriture démontre tout autant la maîtrise
précoce des formes les plus subtiles, comme elle révèle une rigueur et une
personnalité hors du commun. L’influence de Beethoven, une insatiable
curiosité à l’égard des maîtres du passé sont perceptibles dans toute sa
musique. Sa production chambriste ne fait pas l’économie d’influences « extra
germaniques » : Les couleurs de l’Angleterre et de l’Italie tranchent dans une
Allemagne dont le nationalisme naissant ne cesse de s’exacerber. Il est un
esprit européen, sans drapeau mais attaché à son passé culturel. Songeons
un instant au sous-titre
Réformation
de la
Symphonie n° 5
, à la puissance de cet
hommage d’un juif converti à une société allemande protestante et qui sût
alors mener à son terme l’idée de l’intégration culturelle…
12 MENDELSSOHN_QUATUOR TALICH