

PASCAL AMOYEL 5
Sans doute le grand oublié de l’histoire de la musique, admiré de Liszt,
surnommé « le Berlioz du piano » par Hans von Bülow ; Charles-Valentin
Alkan est le compositeur des âmes exaltées et solitaires, le secret le mieux
gardé du romantisme français.
Pianiste virtuose, surdoué et vulnérable, compositeur exigeant et inventif,
créateur tourmenté à l’œuvre passionnée et kaléidoscopique, Alkan fascine
par le mystère qui demeure autour de sa vie et de son œuvre car après des
débuts foudroyants, il s’est exilé de la société pour trouver refuge dans son
monde intérieur.
Busoni se souvient avoir entendu ce jeune prodige jouer Bach et Beethoven sur un
piano Érard : « j’écoutai, cloué sur place par le jeu expressif, cristallin, limpide ». Vénéré
par ses pairs et méconnu du public, loin de l’agitation de son siècle, cemisanthrope
laisse un catalogue immense où se côtoient le gigantesque (
Sonate des quatre âges
)
et la miniature raffinée.
Seuls les artistes curieux et atypiques continuent de questionner l’univers de ce
romantique né en 1813, la même année que Wagner et Verdi, ombres écrasantes.
On se souvient, en France, du dévouement du pianiste Bernard Ringeissen qui,
à la fin des années 70, avait enregistré toute une série de disques. L’américain
Raymond Lewenthal en avait fait l’un de ses compositeurs favoris pour retrouver la
technique après sept fractures aux mains suite à une agression dans Central Park.
Ses fervents admirateurs restent peu nombreux. Le pianiste Pascal Amoyel, depuis
de nombreuses années, défend la musique d’Alkan qu’il érige aux côtés de Liszt,
Chopin ou Scriabine. Si le pianiste a déjà enregistré la
Sonate pour violoncelle et piano
avec Emmanuelle Bertrand, il fête aujourd’hui le bicentenaire de la naissance de ce
grand oublié et propose une carte d’identité musicale de ce virtuose désespéré à
l’œuvre troublante et poétique.