

INTEGRALE DES QUINTETTES À CORDES 17
Alors, peut-être préfère-t-il choisir la musique de chambre, de
petites formations étant plus faciles à réunir et à convaincre
de le jouer. Ce faisant, pourquoi des quintettes ? Il est probable
que Mozart avait provisoirement épuisé les possibilités
du quatuor après les six dédiés à Haydn. Il voulait passer à
autre chose. Supposons qu’il s’est souvenu du plaisir qu’il
avait eu à écrire son premier quintette, à manipuler les cinq
instruments.
L’un des trois quintettes écrits en 1787 est assez marginal. Qu’il
soit affublé de la référence
KV406
ou 516b, il ne s’agit que d’une
transcription. Désirant parvenir au nombre de trois œuvres, pris par le
temps, Mozart a opté pour l’adaptation d’une partition ancienne qui
lui posait d’intéressants problèmes d’écriture, car il n’était pas évident
de réduire à cinq archets la
Sérénade pour vents KV388
. Écrite cinq ans
plus tôt, en ut mineur, pour deux hautbois, deux clarinettes, deux cors
et deux bassons, elle tranche par son caractère sombre, sa dimension
réduite (quatre mouvements), sa tonalité mineure, sur les habituelles
sérénades de plein air avant tout divertissantes. Mozart s’y attela
néanmoins, cherchant des solutions de remplissage pour résoudre
les épineux problèmes posés : ainsi quand le violoncelle reprend à
lui seul les parties des deux cors et des deux bassons ! Il n’empêche,
cet étrange quintette ne manque pas d’intérêt : son aspect sérieux,
sa densité expressive, son menuet inhabituel écrit en canons (avec un
trio où ces canons sont écrits en renversement), son final évoquant
fugitivement
Don Giovanni
, en font une œuvre loin d’être mineure.