

Et les Quintettes à cordes dans tout ça, direz-vous ? C’est
justement une forme à part, un genre qui n’existait
quasiment pas dans la musique germanique et que
Mozart s’est approprié pour le porter au sommet.
Si les quatuors étaient légion, et pas seulement ceux de Haydn, seuls les
Italiens avaient commencé à sacrifier aux quintettes. Surtout Boccherini
qui n’en écrivit pas moins de cent-cinquante ! Mozart en a peut-être connu
quelques-uns mais ce n’est pas sûr. En revanche, on sait ce qui a déclenché
la composition de son premier
quintette KV174
. Il a eu sous les yeux un
Notturno
en ut majeur, en réalité un quintette pour deux violons, deux altos
et violoncelle, composé en février 1773 par Michael Haydn, le jeune frère de
Joseph qui venait d’arriver à Salzbourg. Une fois encore l’émulation joue :
Wolfgang Amadeus se lance dans un
Quintette en si bémol majeur
. Il y a deux
versions de cet ouvrage car quelques mois plus tard Haydn junior lui montre
un second
Notturno
; du coup le jeune compositeur pense qu’il peut, en s’en
inspirant, en reprenant quelques procédés, faire encoremieux ; aussi réécrit-il
le Trio du
Minuetto
et remanie-t-il le Final. Inutile de préciser que sa partition
est d’une autre eau que celle de son ami. Les possibilités offertes par cette
formation nouvelle pour lui (et d’ailleurs aussi pour Michael Haydn) semblent
le stimuler : au lieu de laisser le rôle principal au premier violon comme dans
le quatuor, il peut ici s’amuser à faire dialoguer premier violon et premier alto,
à multiplier des effets d’écho. L’œuvre a ses beautés comme l’adagio avec ses
sourdines ou le Final et son développement riche en surprises (une fausse
rentrée du premier thème). Manifestement, le jeune compositeur s’est amusé
à utiliser ses cinq archets tout en restant dans l’ère de la galanterie.
Ce quintette est aimable, plaisant comme beaucoup de ses pages de jeunesse.
INTEGRALE DES QUINTETTES À CORDES 15