

INTÉGRALE DES QUATUORS À CORDES 11
Le Quatuor K.499 «Hoffmeister », unique cas d’une partition séparée,
témoigne de l'ambiguïté des émotions qui l'assaillent et dont il réussit plus
aisément à voiler les contours dans ses concertos pour piano.À la spontanéité
des élans, à l’utilisation de l’homophonie, répond l'exploration savante du
contrepoint. En 1786, Mozart assume désormais une liberté de ton que
Haydn, contraint aux exigences artistiques au service du prince ne peut se
permettre. En repoussant sans cesse les limites de l'harmonie tonale, comme
ces traits déchirants dans l’Adagio du quatuor, il projette l’œuvre aux portes
des univers de Schubert et de Brahms.
Au début de l'année 1789, voici Mozart à Berlin. Favorisée par des solistes
d'exception et par le goût de Frédéric-Guillaume II, lui-même excellent
violoncelliste, la composition des trois quatuors dits « prussiens » est vécue
comme « une tâche ingrate ». Le quatuor K.575 réserve – on le comprend
aisément – une place avantageuse au violoncelle.Mozart révise ses partitions et
en accroît fortement la technique, suivant les conseils desmusiciens de la cour.
L'écriture de deux autres quatuors est repoussée en raison de la composition
de
Cosi fan tutte
. Les Köchel 589 et 590approfondissent l'étude du contrepoint
avec un matériau thématique se prêtant davantage au développement. Les
influences du style galant se sont estompées. Dans le feu de l'interprétation,
on ne prête guère attention aux ruptures intérieures, aux modulations
audacieuses, à une inventivité qui pose les pierres ultimes du classicisme.
On en oublierait presque les souffrances endurées par le musicien, le sourire
doux-amer et les désillusions qui affleurent.
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