

6 DEBUSSY_PRELUDES
Vous écoutiez jusqu’alors vos camarades… Quel souvenir gardez-
vous de votre premier contact « physique » avec la musique de
Debussy ?
P. B.
: A l’époque,
Ce qu’a vu le vent d’ouest
était une pièce difficile pour moi mais,
une fois dépassé l’aspect technique, j’ai vraiment eu le sentiment d’être « chez moi »
dans cette musique. Et quand, six mois plus tard environ, mon professeur m’a mis
dans les mains la partition des
Feux d’artifice
, j’ai été fou de bonheur. D’emblée, mon
rapport avec la musique de Debussy a été complètement naturel.
Quand j’y pense, avec le recul, je me dis que nous étions au début des années 70,
des œuvres telles que
Feux d’artifice
n’avaient donc à l’époque que 60 ans. Je me
demande si un gamin d’aujourd’hui serait dans le même état de bonheur et de
transe avec une musique écrite au début des années 50. Peut-être… je ne sais pas ;
je me pose la question…
Comment Debussy a-t-il ensuite été intégré à votre répertoire ?
P. B.
: J’ai d’abord travaillé les
Estampes
, puis quelques
Images
, quelques
Etudes
aussi, mais les choses demeuraient un peu dispersées. A 19 ans, l’occasion m’a été
donnée par Philippe Entremont de participer à une intégrale de l’œuvre pour piano
de Debussy, partagée entre lui, Michel Béroff et un tout jeune pianiste encore
inconnu, moi en l’occurrence. Si mes deux collègues se sont partagé l’essentiel de
la tâche, j’ai tout de même préparé un récital Debussy complet qui a constitué une
étape importante dans ma relation avec cette musique.