

Et les indications métronomiques ?
P. B.
: Quelques
Préludes
portent des indications métronomiques, évidentes dans
la plupart des cas. En revanche, pour
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir
Debussy note 84 à la noire, indication très rapide, et je n’ai jamais entendu personne
jouer à ce tempo-là. Certains jouent cette pièce beaucoup plus lentement. Quant à
moi j’opte pour une solution intermédiaire dans la mesure où j’ai dumal à vraiment
tenir le tempo noté par l’auteur, mais je pense qu’il donne une indication et qu’il faut
tenter de s’en approcher. Comme pour tous les
Préludes
, Debussy met le titre à la fin
de la pièce et ajoute :
Charles Baudelaire
. C’est une incitation à revenir à l’ensemble
du poème
Harmonie du soir
, d’où provient le titre du morceau. On y trouve un autre
vers à mon avis très important : « Valse mélancolique et langoureux vertige ». La
pièce alterne entre un 3/4, qui peut être un rythme de valse, et un 2/4 – parfois les
deux se mêlent – et j’aime cette idée de «Valse mélancolique » et du vertige créé par
l’incertitude entre les deux mètres. S’agissant toujours des tempi, il est intéressant
de remarquer que Debussy note la même indication métronomique (66 à la noire)
pour
La fille aux cheveux de lin
(Livre I) et
Bruyères
(Livre II), deux pièces entre lesquelles
d’évidentes résonances s’établissent.
Propos recueillis par Alain Cochard
(1) Le 1
er
livre a été composé entre décembre 1909 et février 1910, le 2
e
entre 1910 et 1912.
Les deux Livres de
Préludes
ont respectivement été publiés (chez Durand) en 1910 et 1913
PHILIPPE BIANCONI 11