

GARY HOFFMAN 15
Vous jouez toujours le merveilleux Amati qui a appartenu longtemps à
Léonard Rose, qui fut un interprète majeur des Sonates de Brahms, vous
pensez à lui ?
Lorsque j’ai commencé à jouer cet instrument, disons durant la première année,
et alors que personne ne savait sa provenance, des mélomanes venaient me
trouver après les concerts en me disant que je leur évoquais Leonard Rose et me
demandaient si j’avais travaillé avec lui. Et eneffet, je sentais bienquequelque chose
dans la sonorité qu’avait prise le violoncelle provenait de sa longue fréquentation
avec Leonard Rose, ou que l’instrument lui avait imposé certaines spécificités
de son jeu, surtout dans le Concerto de Dvořák ou les œuvres de Brahms. Puis
ce sentiment s’est estompé peu à peu, comme si l’Amati s’était fait à mon jeu, je
pourrais presque dire à mon corps. C’est un très grand instrument, dans tous les
sens du terme, avec des registres très particuliers, très contrastés. On ne peut pas
le prendre en défaut, il sonne magnifiquement sur toute son étendue. Depuis que
je l’ai, il a un peu changé, mais il garde sa forte personnalité. Il chante avec un tel
naturel, il a toutes les couleurs. Si il y a une chose que je n’arrive pas à faire ce n’est
pas sa faute, c’est la mienne.