

13
PASCAL AMOYEL
Il y a deux catégories de pianistes, ceux qui jouent Chopin, et ceux qui
ne le jouent pas. Quand avez-vous su que vous apparteniez à la première
catégorie ?
Très tôt, lorsque j’étais enfant. Vers six, sept ans j’essayais de reproduire d’oreille
les musiques que j’entendais et Chopin y figurait en bonne place. Je ne savais
alors rien du fait que certains pianistes jouaient ses œuvres alors que d’autres s’en
abstenaient. Lorsque j’ai commencé mes vraies études de piano à dix ans, c’est
naturellement vers Chopin, mais aussi vers Liszt, que je me suis tourné. Leurs
œuvres me semblaient accessibles tout en présentant un véritable défi : pouvoir
jouer un jour cette musique. Dans mon imaginaire, les
Polonaises
de Chopin, avec
leur ton si affirmatif, leur dimension narrative, et surtout cet élan qui se marie si
naturellement à celui qu’on éprouve en découvrant puis en maîtrisant le piano,
devinrent très tôt des buts à atteindre.