

32 BRAHMS_L'ŒUVRE POUR PIANO SEUL
Les
Sept Klavierstücke op.116
, aussi intitulés
Fantasien
(un titre qui ne
correspond guère en vérité qu’à la troisième pièce, une ballade nordique
composée antérieurement) se divisent comme l’opus 76 en
Intermezzi
et
en
Capricci
, et fonctionnent comme précédemment. Des trois
Capricci
,
se dégage un sentiment de sursauts tourmentés, comme si un cœur
d’adolescent emprisonné dans le corps d’un sexagénaire tambourinait à la
porte verrouillée du passé. Les quatre
Intermezzi
répandent en revanche une
douce mélancolie qui tâcherait de consoler l’épuisement, sans toutefois se
consoler elle-même.
Les
Trois Intermezzi de l’op.117
, eux, s’inspirent d’un texte, comme les
Ballades
de l’opus 10 (encore elles, toujours elles bien sûr), et même d’un texte
écossais, puisé, lui aussi, dans les
Voix des peuples
deHerder –une lamentation
en forme de berceuse. Sans qu’une fois encore rien dans ces pages ne soit
jamais narratif ni descriptif, la voix d’une mère berçant son enfant donne
son inflexion à l’écriture de la première pièce. Dans la deuxième, on entend
encore cette voix s’évertuer dans la berceuse et cependant laisser affleurer
les accents de la femme trahie. La troisième est baignée d’une amertume
secrètement passionnée et clôt ce triptyque tout en demi-teinte.