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Êtes-vous influencé, dans votre approche des œuvres, par leur
contexte biographique ?On sait notamment que Chopina composé
une partie des
Préludes
lors d’un voyage tourmenté aux Baléares...
Quand je travaille une partition, je refuse d’analyser les éléments biographiques
car cela déformerait ma manière de penser. Je sais ce que je sais de Chopin. Il ne
faut pas superposer des photos de famille sur la musique. D’autre part, je refuse
d’écouter d’autres enregistrements afin de ne pas être conditionné dans mon
approche des œuvres.
Au quotidien, quelle est votre méthode de travail ?
Je n’ai jamais travaillé le soir car j’ai toujours souhaité préserver ma vie de
famille. A partir de 19 heures, je rentre dans un autre monde. C’est ma manière
de me ressourcer. Je cherche à tout prix à éviter le phénomène de bulle. Je fuis
l’enfermement. Certes, le répertoire du piano n’est pas épuisable en une seule vie.
On pourrait se consacrer jour et nuit à son instrument. Mais je considère qu’il est
important d’entretenir des connexions sur le monde. Ma définition de l’idéal, c’est
de ne pas trop m’éloigner d’une forme de simplicité quotidienne.
JEAN-PHILIPPE COLLARD