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Le premier mouvement,Allegroma non troppo, est de forme sonate. Il suggère une
valse viennoise. Trois thèmes sont développés demanière alternée ; deux évoquent
l’esprit du lied et le troisième, celui de la danse. La combinaison de ces idées rappelle
l’écriture schubertienne, à la fois limpide, nostalgique et parfois humoristique.
La signature viennoise est encore plus manifeste dans le finale, dont la valse se
« danse » dans un tempo ralenti.
L’Andante ma moderato se compose d’une série de variations. Brahms avait une
passion pour cette forme qu’il maîtrisait déjà à la perfection et qui irrigue ses
répertoires aussi bien du piano que de l’orchestre. Le jeu des modulations et de la
dynamique évoque un orchestre de chambre stimulé par une énergie juvénile. À
aucun moment, l’auditeur n’a la sensation d’entendre une texture s’approchant
du quatuor à cordes. La première variation, par exemple, subdivise le rythme
et croît avec une telle ampleur que l’on imagine le soutien d’instruments à vent.
Brahms songe probablement à l’utilisation que fît Beethoven de rythmes puisant
leur énergie dans de multiples éléments folkloriques. Dans la quatrième variation,
l’écriture s’inspire d’un climat plus sobre, préludant aux deux variations conclusives
qui referment le mouvement sur le pizzicato des cordes.
Le scherzo (allegro molto) vigoureux et concis extrait sa tension dans les pas d’une
danse qui n’est pas sans évoquer la détermination de la
Cinquième Symphonie
de
Beethoven. L’hommage n’est peut-être pas exempt d’un certain humour.
BRAHMS