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13 FLORIAN NOACK Sur son fil du temps, Florian crée l’illusion. Être pianiste ne suffit pas. Il vit son plaisir d’être au monde, il joue au football, il fait des tours de magie à qui le lui demande, il joue, il transcrit et à travers tout ceci, il cherche à brouiller les pistes, à échapper à la prison de l’identité, à construire un chemin qu’on ne peut prévoir. Ce qui échappe au sillon est imprévisible. Florian joue d’illusions, il s’amuse et tente l’imprévisible. Alors il enregistre ce disque où il veut tout mettre : du Bach qui ne ressemble plus à du Bach, les orchestres symphoniques aux mille couleurs de Rimski-Korsakov, la musique de la Renaissance, celle d’un enfant-héros au milieu de la jungle et des valses plus ou moins pompeuses. Florian veut tout, tout de suite, comme Antigone, mais il ne termine pas – fort heureusement – comme l’héroïne de Sophocle. Non, face à la complexité du monde et la simplicité du temps qui passe, il pose un disque où tout est permis, où tout est convoqué sur un seul piano, où tout a de la valeur, un disque comme un puzzle que l’auditeur peut assembler, dans l’illusion que le temps se fixe, et dans le plaisir d’y découvrir une image formée qui sera celle d’un pianiste qui a trouvé son chemin de joie dans le monde.

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