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10 LISZT • INSPIRATIONS Dans cette pensée, la notion de couleur occupe une part primordiale et les registrations qui découlent du discours musical paraissent d’une intelligence extraordinaire. Cela peut d’ailleurs être mis en parallèle avec cet épisode marquant : ayant entendu Alexander Gottschalg, organiste de Weimar, interpréter les œuvres majeures de Bach sans aucun changement de registration, Liszt lui asséna : « Pourquoi n’utilisez-vous qu’un seul clavier, alors que vous en avez trois à votre disposition ? ». Il passa des nuits avec son élève Johann Gottlob Töpfer à élaborer des registrations pour la Passacaille du Cantor. Elles servirent de modèle à des générations d’organistes et demeurèrent inchangées jusqu’au milieu du XX e siècle ! Dans sa version syncrétique, Jean Guillou, qui était également pianiste, a combiné les trois versions (orgue et piano) sans jamais trahir la pensée du compositeur et sans ajouter une note qui ne soit de Liszt. Il a, en somme, juxtaposé les éditions, sans perdre l’esprit du foisonnement lisztien. Piano et / ou orgue… Comment « s’extraire » du premier dans le célébrissime Rêve d’Amour qui appartient, à l’origine, à un cycle de lieder avec voix ? J’ai réalisé cette transcription en m’éloignant de l’écriture purement pianistique. La douceur des timbres de l’orgue tranche avec celles du piano et l’explosion sonore du milieu de la pièce prend ici un relief tout particulier…
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