LDV94
GEOFFROY COUTEAU ∙ ORCHESTRE NATIONAL DE METZ 9 Le final, Rondo (Allegro ma non troppo) réussit miraculeusement à trancher avec ce climat désolé. Il déroule un refrain conquérant assorti de variations dionysiaques d’une joie inextinguible dont l’inspiration semble croître irrésistiblement jusqu’à la fin. « Toute joie veut l’éternité, la profonde, profonde éternité », affirme le Zarathoustra de Nietzsche, et avec lui Brahms à l’unisson. Une joie farouche et rustique (la nature est de fait le sujet des premier et troisième mouvements du concerto), quasi dansante, qui à chaque retour du thème en féconde de nouveaux avec la même verve, la même ferveur… L’influence de Bach ou Haendel (les Concertos brandebourgeois ou la Water Music ne sont jamais loin de Brahms !) est manifeste, comme le traduit le merveilleux fugato qui s’associe avec bonheur et majesté au climat champêtre du final. Après l’ Adagio si intérieur, Brahms réussit ici à concevoir une page de « plein air » à la vie contagieuse. Elle témoigne de l’extraordinaire surabondance du jeune compositeur, de sa vitalité infinie, telles qu’elles s’expriment dans la torrentielle cadence et l’extravagante coda finales, occupant à elles seules la moitié du mouvement, qui closent l’œuvre dans l’exultation… On le voit, au long de sa vie, à l’instar de Schumann, Brahms s’est senti intimement proche de Bach, de ses qualités musicales comme de la dimension religieuse ; elle nourrit son œuvre instrumentale et vocale, psaumes, motets, chants sacrés, chorals pour orgue en particulier.
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