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GEOFFROY COUTEAU ∙ ORCHESTRE NATIONAL DE METZ 11 Quant aux raisons qui ont pu pousser Brahms à un tel arrangement, il en parle dans la lettre adressée à Clara : « Je croirais volontiers aujourd’hui ne t’avoir rien envoyé d’aussi amusant depuis longtemps – si tes doigts tiennent le coup ! (…) Quand on n'a pas un grand violoniste à côté de soi, le plus beau est de la lire et de la faire sonner en esprit. Mais cette œuvre ne te laisse pas en paix et te pousse à en faire quelque chose. On ne désire pas toujours entendre la musique sonner simplement en l’air et, comme Joseph Joachim n’est pas là souvent, on essaie ceci ou cela. Mais quoi que je prenne, orchestre ou piano, mon plaisir en est gâché. Je trouve qu’il n’y a qu’une seule façon de s’approcher du pur plaisir que donne cette œuvre, même si c’est de façon très diminuée : c’est quand je la joue avec la main gauche seule ! Une difficulté comparable, une science de la technique, les arpèges, tout contribue à me faire alors sentir comme un violoniste ! » En s’unissant ainsi à Bach en esprit, cette réalisation permettait aussi à Brahms de rapprocher et d’unir « en lui » ses deux amis les plus chers, Joseph Joachim et Clara Schumann. La fidélité et la pureté avec lesquelles Brahms respecte le texte de Bach n’ont d’égales que la profondeur de cette musique et la ferveur spirituelle qui en émane — les mêmes qui s’exhalent de toute son œuvre.
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