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« Il faut toucher au cœur et ne pas trop intellectualiser les œuvres labourées depuis des années » affirme aussi l’interprète. Elles composent une prodigieuse récolte, les fruits du romantisme, de Chopin et de Schumann, prolongée jusqu’à Rachmaninov et embellie de deux siècles de musique française. Tous les mondes sonores de Jean-Philippe Collard sont imprégnés de couleurs, cette « sensation que produit sur l’organe de la vue, la lumière diversement réfléchie par les corps » propose le dictionnaire Littré avec une perception épicurienne inhabituelle dans un tel ouvrage et, pourtant, si familière chez un pianiste qui se dit, précisément, « affamé de couleurs ». Mais pas n’importe lesquelles. Gourmet des pigments, l’artiste sait ce qu’est la nuance en toute chose, lorsque les paysages sonores au tempérament mesuré résonnent dans l’irisation des arpèges et la caudalie des accords. Quand il se remémore son apprentissage auprès de Pierre Sancan, l’amitié de Vladimir Horowitz puis ses rencontres dans le monde entier aux côtés du gotha des chefs et des plus grands orchestres, Jean-Philippe Collard sait qu’il peut tout dire au public. Alors, il a rendu hommage aux dieux des couleurs, ses compositeurs. 17 JEAN-PHILIPPE COLLARD ∙ BILKENT SYMPHONY ORCHESTRA, EMIL TABAKOV
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