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10 ALEXANDRE SCRIABINE ∙ NIKOLAÏ RIMSKI-KORSAKOV Vous ne vous sentez pas prêt à escalader cette montagne ? Je ne sais pas, peut-être, je cherche des idées de répertoire. Je travaille actuellement la Fantaisie op.28 , une pure merveille qui n’apparaît pas aussi difficile que du Rachmaninov, et pourtant… Si cela fonctionne, j’irai ailleurs. Pourquoi pas les Études op.42 ou les trois de l’opus 65 ? Celle en neuvièmes est particulièrement hallucinée. Il y a de quoi devenir fou, il faut se méfier. Et comment insérer ces œuvres dans un programme ? C’est aussi le problème. Beaucoup de ces pages de Scriabine n’ont l’air de rien quand on les déchiffre, mais au concert elles prennent une autre dimension. Le résultat sonore est à des années-lumière du matériel de base proposé par la partition. Cette matière insaisissable est difficile à capter : tout est suspendu, les harmonies et les phrases s’élèvent constamment. Ces pièces de la dernière période du compositeur, d’une difficulté titanesque, passent en concert comme des lucioles. C’est peut-être cela qui me décourage le plus.
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