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THÉO FOUCHENNERET 9 La « Hammerklavier » est aussi légendaire pour son titre, choisi par le compositeur, que pour sa durée… plus de 45 minutes ?! Beethoven a écrit des tempos métronomiques très précis. S’ils sont respectés, on peut la jouer en quarante minutes. Toute ambitieuse et monumentale qu’elle soit, cette sonate reste dans des dimensions relativement normales. Schubert a étiré le temps, Beethoven, pas tant que cela. Je crois qu’il entendait de la vitesse d’ailleurs dans cette œuvre. La pulsation est souvent trop serrée. Si on la calme, on adapte le temps musical. L’organisation et le temps musical sont des points centraux dans la musique classique. Beethoven a en effet choisi le titre et tenait à la germanisation du vocable. Il évoque très directement les marteaux du piano et l’esprit germanique qui émane de cette œuvre. Il avait déjà essayé d’appeler « Hammerklavier » l’opus 101… L’éditeur avait refusé. Tentative ici de réformation ? (rires) Votre histoire avec la « Hammerklavier » : amoureuse ou spirituelle ? Amoureuse.Oui,c’estbienl’amourquim’aguidé.Notammentgrâceaumouvement lent. Pour moi, c’est la musique la plus humaine qui existe. Il s’en dégage une fraternité, une universalité qui me touchent et me parlent énormément. La « Hammerklavier » est souvent perçue comme une sonate très intellectuelle. Pour moi, ce n’est pas du tout ça… Dans la fugue, il y a une force vitale qui rafle tout. Beethoven élabore cette architecture complexe pour mieux faire exploser la matière. Moins que les sentiments, ce sont ces énergies qui ont construit mon histoire avec la « Hammerklavier ».

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