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THÉO FOUCHENNERET 7 Dans quel ordre avez-vous enregistré ? Et comment avez-vous procédé ? Stratégiquement, je n’ai pas enregistré dans un ordre précis, mais plutôt en écoutant et en mesurant le feu du moment. J’ai ainsi commencé par les trois premiers mouvements de la « Hammerklavier ». Après le mouvement lent, nous sommes passés à la « Waldstein » pour éviter d’enchaîner avec la fugue que nous avons gardée pour la fin et qui a pris son temps (rires) . Sur mes trois grosses journées d’enregistrement, je tenais à garder une après-midi pour faire de longues prises. Je sentais ce besoin de jouer, le plus possible. Est-ce que l’enregistrement a changé votre vision de l’œuvre ou même votre interprétation ? La Sonate « Hammerklavier » arrive à un moment important pour Beethoven : il n’a pas écrit depuis longtemps. Contemporaine de la célèbre Neuvième Symphonie ou de la Missa Solemnis , cette sonate me donne l’impression que le compositeur cherche à reconquérir sa propremusique. Il a besoin de se prouver plusieurs choses, tant du point de vue du pianiste, que de celui du compositeur. D’où le fait qu’elle soit un vrai défi. Tant physiquement que mentalement. Elle rend de la fatigue mais c’est un tel voyage qu’elle en devient addictive. Plus on la joue, plus on l’aime. Plus on l’écoute, plus on l’apprivoise. Au début, lorsque je la jouais en concert, je sortais de scène, rincé. Ce n’est plus le cas. J’arrive à l’envisager dans sa globalité. L’enregistrement y a bien sûr contribué. Je suis arrivé avec mes idées, mon plan ! Et puis en allant régulièrement écouter les prises en cabine, il a fallu changer des choses ! Très difficile d’entendre ce qui arrive derrière le micro à partir de ce que l’on produit. J’ai essayé adapter en permanence mon jeu. On ne se rend pas compte
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