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THÉO FOUCHENNERET 5 Et l’idée de la coupler avec la « Waldstein » ? Il s’agissait d’offrir avec cette œuvre-phare, une sonate un peu plus parlante au public. La Sonate « Hammerklavier » s’écoute très bien j’espère, mais elle peut paraître un peu difficile, voire obscure. La « Waldstein » est sans doute un peu plus connue, et peut-être plus directement accessible. Par ailleurs, les deux sonates ont beaucoup de points communs : chacune à sa manière est un « laboratoire », une incroyable source d’expérimentations beethovéniennes, tant dans l’histoire de l’évolution instrumentale que dans son exploitation. Prenons l’exemple de l’utilisation de la pédale de résonance dans le finale de la « Waldstein », c’est inouï, totalement novateur. Dans la « Hammerklavier », imaginée pour un piano Broadwood, Beethoven a des trouvailles extraordinaires. Je pense en particulier à l’introduction lente avant le finale par exemple. Les deux sonates ont des points communs, dites-vous. Y compris dans leur narration ? Non, là, elles sont radicalement différentes, voire assez opposées. La Sonate « Waldstein » a quelque chose de très « résonnant », au sens de très humain. La tonalité usitée du Do majeur nous interpelle directement, et à la fois, grandit le propos à l’échelle universelle. Beethoven ne cherche pas à épater. Le mysticisme ou le rêve onirique provient de l’introduction lente, bouleversante, du finale (Introduzione : Adagio molto). La Sonate « Hammerklavier » est beaucoup plus rude, plus conflictuelle.
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