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10 BEETHOVEN_ SONATES POUR PIANO NOS 21 & 29 Beethoven devient libre en utilisant des matériaux très simples : un simple intervalle de tierce qui va parcourir tout le morceau. De la contrainte naît une liberté incroyable. Il plie la forme à sa volonté. C’est un très beau geste, non ? Je suis très sensible à la forme. Il y a un malentendu souvent entre la structure et l’émotion. Ce n’est pas parce qu’il y a une forme que ce n’est pas émouvant. Beethoven crée des connexions et des architectures invisibles qui vont nous toucher beaucoup plus loin dans l’inconscient, dans le déroulement du temps. Certains compositeurs sont beaucoup plus lyriques, au détriment de la cohérence, c’est lassant à long terme. La musique de Beethoven est une musique qui ne flatte pas, mais qui nous accompagne. Diriez-vous que le piano de Beethoven est orchestral ? Les premières sonates le sont, incontestablement oui. Mais la « Hammerklavier » à l’orchestre ? Impossible d’être aussi puissant. Il y a un geste pianistique très fort ici. Est-ce que la pratique et l’expérience de la musique de chambre a changé et fait évoluer votre interprétation de ces sonates ? J’ai toujours abordé la musique d’un compositeur par sa musique de chambre. Hormis Chopin par exemple, c’est en général mamanière de fonctionner. J’ai abordé et compris Rachmaninov quand j’ai travaillé la Sonate pour violoncelle. J’ai besoin de m’immerger et de partager la musique avant de pouvoir l’aborder en piano seul finalement. Pour Beethoven, j’ai joué toutes les sonates pour violoncelle plusieurs fois, et celles pour violon également.
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