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DAVID GRIMAL 9 Ysaÿe s’inspire de la structure générale du corpus de Bach : quatre sonates en mineur et deux en majeur ; mêmes tonalités de départ et d’arrivée… Avez-vous le sentiment que les Six Sonates d’Ysaÿe dessinent, comme le font les Sonates et Partitas de Bach, un parcours spirituel et humain ? Le cycle d’Ysaÿe est plus court que celui des Sonates et Partitas, il est d’une grande disparité de longueur et de structure entre les œuvres. Plus que d’un parcours, je parlerais volontiers d’une galerie de portraits des six dédicataires de ces sonates. Chaque sonate est dédiée à un violoniste, et à chaque fois sa personnalité est bien présente. C’est également un portrait « en creux » d’Eugène Ysaÿe qui se dessine : celui d’un homme généreux avec ses étudiants, ses collègues et les compositeurs dont il servait la musique. Le jeu de mot épigraphe qui introduit le voyage mystique des Sonates et Partitas de Bach — il écrit « Sei Solo », « Tu es seul », au lieu de « Sei Soli », « Six solos » — pose en réalité la question d’une solitude existentielle. Ysaÿe ne nous renvoie pas à celle-ci, puisque nous sommes baignés dans les amitiés fraternelles qui irradient cette musique.
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