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Peut-on comparer ces sonates aux Caprices de Paganini, du moins du point de vue de la virtuosité ? Paganini était un violoniste hors-norme, avec des doigts longs et hyperlaxes. La virtuosité développée dans ses œuvres est le prolongement naturel de ses capacités exceptionnelles et singulières. Travailler beaucoup Paganini ne donne pas forcément un accès plus facile au reste du répertoire comme Beethoven, Schumann ou Schubert, pour rester dans l’époque. La plupart des grands violonistes jouent assez peu (en concert) ou pas de Paganini. On a coutume de dire que Paganini a révolutionné l’écriture de la musique et bouleversé le paradigme de l’interprète. C’est exact mais il faut des capacités physiques particulières qui ne sont pas universelles pour le jouer sans dommages. A contrario, si l’on travaille Ysaÿe, et que l’on joue les concertos de Brahms ou de Sibelius, on se sent « à la maison ». La technique d’Ysaÿe, dans le prolongement de l’enseignement qu’il a reçu de Wieniawski et Vieuxtemps, est au service de la musique autant que de l’instrument : elle est universelle et harmonieuse avec le violon et le reste du répertoire. 14 YSAŸE ∙ SIX SONATES POUR VIOLON SEUL OP.27