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10 YSAŸE ∙ SIX SONATES POUR VIOLON SEUL OP.27 Lorsque vous dites que chaque sonate reflète la personnalité de son dédicataire, l’entendez-vous aussi d’un point de vue musical ? Ysaÿe tient-il compte dans l’écriture du style propre à chacun des violonistes ? Oui, absolument. La Première, dédiée à Joseph Szigeti, violoniste hongrois, sérieux et rigoureux, est la sonate la plus longue, la plus architecturée. La Deuxième évoque dans son prélude le côté aérien de Jacques Thibaud. Obsession , la Danse des ombres et Les Furies sont écrites dans l’esprit son jeu fantasque et brillant. Dans la Troisième Sonate, la fameuse Ballade , Ysaÿe met l’âme de George Enescu en musique. C’est une sonate aux accents folkloriques d’Europe centrale, d’une puissance viscérale. Ysaÿe admirait Enescu qu’il considérait comme un compositeur violoniste et non comme un violoniste compositeur. Dans la Quatrième Sonate, Fritz Kreisler, qui aimait écrire de courtes pièces de charme souvent inspirées de danses anciennes, se voit attribuer une sorte de clin d’œil à la Première Partita de Bach. Cette suite de danses conclue par un final brillant salue tant le Kreisler compositeur que le Kreisler violoniste.

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