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PHILIPPE CASSARD, ANNE GASTINEL, DAVID GRIMAL 9 Rentrer aussi profondément dans son univers a-t-il fait évoluer votre perception de Beethoven ? Philippe Cassard : Grâce à ce projet, j’ai pume familiariser avec certaines facettes de la musique de Beethoven que je ne soupçonnais pas auparavant. Bien sûr, ce n’est pas un hasard si on a tant parlé de cette manière très structurée de construire les œuvres : c’est une réalité qui est absolument là, je ne cherche pas à l’évacuer, mais disons qu’il n’y a pas que ça. En travaillant sur ses trios, le lyrisme de Beethoven nous a frappés à plusieurs reprises, le foisonnement des indications dolce et cantabile notamment. Au point que j’ai parfois bien du mal, quand je joue le mouvement lent Andante de « l’Archiduc », à mettre un peu de distance. Elle est tout à fait nécessaire, sans cela on fondrait complètement devant la tendresse intime qui se dégage de cette musique ! Ce mouvement a beau être en majeur, c’est la voix la plus intérieure, la plus solitaire, du compositeur qu’on y entend. Et quand Beethoven va jusqu’aux tréfonds de lui-même, c’est poignant, déchirant ! Anne Gastinel : J’ai toujours l’impression qu’on tente de résumer Beethoven à la « verticalité » de son écriture. Or, au fur et àmesure que j’avance dans ce répertoire, il me semble au contraire que cette verticalité n’a d’importance que dans la mesure où elle sert de « fondations » à tout le reste, qu’il est important à partir de là de faire émerger des couleurs, des atmosphères, de souligner certaines mélodies… Certains passages dans les mouvements lents sont particulièrement planants, il faut oser défendre cette composante de lamusique de Beethoven, même si elle est souvent mise à l’écart !
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