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8 BEETHOVEN_TRIOS « LES ESPRITS » & « À L’ARCHIDUC » Diriez-vous que ce sont des œuvres dans lesquelles Beethoven va au-delà des contingences instrumentales – voire même s’en moque, quand il sent que « l’esprit lui parle » ? David Grimal : L’œuvre de Beethoven est avant tout discursive : la priorité est toujours donnée à la pensée et il n’y a que peu de phrases où l’on se sente chez soi avec son instrument. Dans ces trios, on constate que la plupart des interventions des cordes sont de l’ordre de la ponctuation. On n’a que très peu de matériau mélodique. Certes Beethoven n’est pas vraiment connu pour ses talents de mélodiste… il n’y a pratiquement que le deuxième thème du finale de son Concerto pour violon qui chante véritablement ! On sent qu’aucune œuvre, même au sein de son grand cycle de quatuors à cordes, n’a été écrite « avec l’instrument ». C’est une écriture qui n’est pas toujours confortable à jouer. Mais le confort, chez Beethoven, ce n’est pas le propos. Philippe Cassard : Ce qui est frappant dans lapartie de piano, c’est queBeethoven en exploite à la fois toutes les possibilités, comme aucun compositeur avant lui et comme peu le feront dans les quarante ans à suivre, et qu’enmême temps il semble semoquer éperdument de ce que cela implique au niveau de l’exécution technique. Je dirais qu’il y a là une absence de tabou, une désinhibition totale : tout ce qui peut servir à sa pensée est mis en pratique dans les parties, notamment celle de piano.

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