LDV76
PHILIPPE CASSARD, ANNE GASTINEL, DAVID GRIMAL 7 David Grimal : … Désœuvrés ? Disons qu’il n’y a pas chez Beethoven la plénitude de jeu qu’on peut trouver dans les trios de Brahms, ou même dans ceux de Mendelssohn ou de Schumann. Chez ces derniers, le partage des rôles est bien plus équilibré ! Les trios de Beethoven sont en effet souvent dominés par le piano : le finale de « l’Archiduc », par exemple, c’est pratiquement un concerto pour piano. Mais cette prétendue « simplicité » pour les cordes est un faux-semblant : le génie de Beethoven, c’est aussi de savoir placer une petite peau de banane de temps à autres, afin de s’assurer qu’on ne s’endorme pas sur notre partie ! Philippe Cassard : Je tempérerais l’avis de mes deux collègues, car je trouve que s’il y a bien un trio parmi tous ceux de Beethoven où chacun a vraiment beaucoup à faire, c’est « Les Esprits ». Les cordes y interviennent constamment, l’écriture est très intriquée, imbriquée, polyphonique, le violoncelle ne fait pas que la basse, parfois le piano s’immisce dans un dialogue entre le violon et le violoncelle... Pour une fois, les cordes ne sont pas là seulement en assistants ou en témoins de la partie – considérable – de piano. Elles ont quand même deux fois le thème du mouvement lent !
RkJQdWJsaXNoZXIy OTAwOTQx