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8 GRANADOS_GOYESCAS Comment pourriez-vous caractériser le style pianistique de Granados dans ses Goyescas ? Quelles difficultés soulève-t-il ? Exige-t-il une technique particulière, pour contrôler son aspect rhapsodique, à la virtuosité fantasque, où les ornements divers et lamultitude d’indications de ce piano qui semble parfois « parler », tiennent une place essentielle ? La virtuosité pianistique de Granados était étourdissante. Grâce à quelques rares témoignages d’enregistrements sur piano à rouleaux, on écoute un jeu d’une infinie liberté et d’une grande vélocité. L’approche technique de ces Goyescas réclame des moyens peu communs. Tout d’abord une souplesse considérable qui permet d’appréhender la dimension entière du clavier, puis une main gauche particulièrement agile, ainsi que la maîtrise des accords, chargés et complexes… On a affaire à une écriture quasiment irraisonnée dont il est aisé de percevoir qu’elle est en permanence à la merci du sentiment expressif, quelles que soient les embûches. Ce qui est frappant à l’écoute du jeu de Granados, c’est la double-vue que l’on porte immanquablement. D’abord à l’œuvre elle-même, riche en épisodes de couleurs, inspirée à un très haut degré, mais aussi à son interprétation par le compositeur. Après que celui-ci l’a engendrée, on dirait qu’il la recompose ou même, dans ce cas précis, qu’il la repeint ! L’aspect rapsodique s’en trouve du coup décuplé, les limites repoussées et le chemin de liberté qu’il nous indique prend les dimensions de l’infini.
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