10 BACH TO NOTRE-DAME En somme, chaque pièce que vous interprétez est passée par le prisme du temps et de ses interprètes successifs… C’est si vrai que, pour ce disque, j’ai réappris certaines pièces que je joue, pourtant, depuis trente ans. Mais, vous avez raison, je ne peux oublier tous les organistes qui ont nourri l’œuvre de Bach. Aussi bien mon professeur Gaston Litaize, que les témoignages dont nous disposons avant et après lui, de Louis Vierne, Marcel Dupré, Pierre Cochereau, Marie-Claire Alain, Michel Chapuis, André Isoir, pour les Français. Il faudrait aussi citer, en Allemagne, Karl Straube ou Helmut Walcha ; mais cette liste ne peut malheureusement être exhaustive. Cela étant, je ne pose nullement un regard passéiste et stérile sur les interprétations historiques. A quoi cela servirait-il de plagier ce que mes prédécesseurs ont accompli ? L’interprétation évolue en permanence, de même que notre perception sonore et esthétique diffère de celle des artistes du passé. Une fois encore, nous ne pouvons être « qu’historiquement informés » selon la formule anglaise (« historically informed performance »). Pourquoi, en ce cas, suis-je ému quand j’entends Louis Vierne jouer, à Notre-Dame, en 1929, Herzlich tut mich verlangen BWV 727 ? Cela sonne magnifiquement bien ! J’éprouve le même sentiment à l’écoute de la version de la Pièce d’orgue BWV 572 que grava Marcel Dupré, à l’église Saint-Sulpice de Paris. J’y trouve une source d’inspiration même si ma conception des œuvres est différente.
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