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OLIVIER LATRY 5 Le titre de votre album, « Bach to the Future » apparaît, pour le moins, provocateur. Comment avez-vous imaginé ce disque ? Ma démarche met en lumière plusieurs paradoxes : le fait d’interpréter ces œuvres clé du protestantisme dans l’un des lieux les plus emblématiques du catholicisme, tout d’abord, mais aussi de les restituer sur un instrument pour le moins éloigné de la facture baroque et classique. Tout cela pose en effet question. Toutefois, la plus importante interrogation demeure, à mes yeux, celle de l’authenticité en musique. Je vous avoue que ce concept me paraît bien souvent un leurre. Comparons cela à une figure géométrique. Une interprétation qui se voudrait « authentique » impliquerait que l’on dispose à chaque angle d’un triangle équilatéral, l’un de ces paramètres : le compositeur, la musique et l’instrument. En modifiant l’un de ceux-ci – dans le cas présent, l’interprète et l’orgue –, on déplace forcément le centre de gravité. Jouer Bach dans ce contexte implique, donc, de trouver un nouvel équilibre afin de préserver l’esprit et la lettre de la musique. L’un ne va pas sans l’autre.

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