GEOFFROY COUTEAU, NICOLAS BALDEYROU ∙ AMAURY COEYTAUX, ANTOINE DREYFUSS 13 Ce ton particulier s’accompagne d’une réussite formelle d’autant plus stupéfiante qu’elle semble toujours subordonnée au contenu poétique, sans plan préétabli. La rigueur est prise au cou par la poésie, et ce dès le début de la première sonate. L’Allegro appassionato, de grande facture, après une introduction en octaves du piano, expose un thème très lyrique et doux, ponctué énergiquement par le piano, sauvage puis tendre à son tour. Plusieurs autres se succèdent alternativement, farouches ou plus intimes, recueillis ou plus abrupts et âpres même. Un ton rhapsodique parcourt cette page si riche, mélodiquement et rythmiquement, qui oppose constamment douceur et autorité, jusqu’à la sublime coda, éthérée et sombre à la fois, qui s’éteint dans la nuit ; le plus grand Brahms a parlé. L’Andante un poco Adagio est un chant désolé, romance d’une émotion puissante et contenue à la fois, d’une facture simple après cette complexité. Une pureté mozartienne s’exprime, rappelant l’Adagio du Quintette op.115, nullement troublée par l’épisode central qui en prolonge l’esprit, avant le retour du thème initial d’abord au piano, là encore comme une berceuse… À la fin ce n’est plus un chant qui clôt la pièce mais une caresse de l’âme.
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